Pour commencer…
Il faut éviter de tailler les arbres et les arbustes qui sont en cours de débourrement : en effet, les réserves utilisées pour l’ouverture des bourgeons et le déploiement des jeunes pousses sont perdues si une taille significative est réalisée. Il est nettement préférable d’attendre que les premières feuilles apparues soient totalement déployées et donc opérationnelles pour la photosynthèse avant de reprendre les tailles.
Il est néanmoins envisageable de tailler les essences d’arbustes peu rustiques, comme les orangers du Mexique, les lavatères, les véroniques, etc. Sur ces espèces, une taille réalisée en début ou en cours d’hiver est risquée si un froid intense intervient après, le gel pouvant causer des dommages importants. Maintenant que les grands froids ne sont plus à craindre, il est possible de tailler ces arbustes.
Deux exemples
Sur deux orangers du Mexique (Choizia ternata), nous remettions depuis plusieurs années le recépage de l’un et la forte réduction du volume de l’autre (le but de ces tailles est de permettre la comparaison avec d’autres individus qui n’ont jamais été taillés et qui serviront de témoins).
Ces deux arbustes ont une vingtaine d’années.
Celui qui a été recépé n’a conservé que quelques jeunes pousses déjà présentes sur la souche ou la base des branches. Tout le reste a été enlevé.
L’autre a été diminué fortement, les coupes ont été faites à chaque fois au-dessus d’une pousse existante. Le volume a été réduit des deux tiers. L’arbuste ainsi taillé reste partiellement folié, l’intervention est moins drastique que le recépage. Par contre, elle est plus longue à réaliser car il faut à chaque fois repérer les ramifications ou les rejets existants qui peuvent servir de relais.
Ou encore…
Il est aussi possible de procéder en ce moment à l’éclaircie des arbustes buissonnants, ceux qui forment spontanément des rejets sur la souche et sont généralement qualifiés de basitones (spirées, forsythia, seringats, deutzia, etc.)
La perte du potentiel de floraison sera minime si la floraison qui s’effectue sur les rameaux de l’an dernier n’a pas encore eu lieu ou si elle en est à ses débuts et que l’on se contente d’enlever les branches les plus vieilles.
Cette intervention est même préférable à une taille plus tardive, qui serait faite en mai par exemple : il y aurait alors un fort risque de casser les jeunes rejets déjà apparus sur la souche et, en cas de printemps sec et chaud, les arbustes seraient moins réactifs pour renouveler leurs branches.
Ainsi, des études statistiques menées pendant plus de 10 ans par le réseau des Arbusticulteurs ont montré sur plusieurs essences (forsythia, seringat, weigelia) que les tailles d’éclaircie sur souche effectuées chaque année en hiver ne diminuaient que très peu le potentiel de floraison des arbustes. Des observations menées sur de nombreuses autres essences ont confirmé ces résultats.